Tout le monde (ou presque) le dit : si vous voulez vous en sortir comme traducteur indépendant, il faut devenir traducteur spécialisé. Les experts le clament haut et fort sur internet, dans les revues spécialisées de traduction… Mais qu’est-ce que la traduction spécialisée exactement ?
Je vais tenter de vous donner ma définition, selon mes propres expériences (de traductrice spécialisée en technologie et innovation depuis une quinzaine d’années) et selon mes nombreux échanges avec des traducteurs d’horizons variés…
La traduction spécialisée selon Sara
Certains experts disent qu’un traducteur spécialisé doit pouvoir échanger d’égal à égal avec les auteurs des textes qu’il traduit. Ce qui veut dire que, pour traduire un texte rédigé par un ingénieur biomédical, le traducteur doit également être ingénieur biomédical.
Moi je dirais que ça dépend…
Je m’explique : traduire des essais cliniques d’un dispositif médical et traduire une brochure ou un site web à l’attention des médecins qui vont potentiellement proposer ce dispositif à leurs patients n’est pas le même exercice.
Il faut distinguer le fond et la forme !
Le bon curseur…
Pour le fond, le degré de technicité des documents traduits va déterminer le niveau de compétence requis dans le domaine en question (un diplôme d’ingénieur biomédical ? un diplôme d’ingénieur généraliste ? une expérience antérieure de technicien de laboratoire ? un diplôme en traduction technique ? une combinaison de plusieurs diplômes et expériences ?). Dans un monde idéal, le traducteur spécialisé va pouvoir s’appuyer sur son client, l’auteur-expert. Il doit donc avoir assez de connaissances du domaine pour dialoguer de manière intelligente avec un expert.
Dans la plupart des cas le traducteur n’a pas besoin d’être physicien pour traduire de la physique, mais plutôt avoir un niveau de « journaliste scientifique ». C’est-à-dire pouvoir comprendre les limites de ses compétences, savoir poser les bonnes questions au bon moment, et collaborer de manière efficace avec les auteurs-experts des documents traduits. Un traducteur peut acquérir ces compétences de plein de manières différentes !
Pour la forme, il s’agit de connaître les codes rédactionnels du domaine en question. Pour chaque type de document à traduire – contrat, notice technique, site web, communiqué de presse, rapport annuel, tweet, publicité, vidéo –, il existe des codes et de bonnes pratiques.
Alors pour traduire le site web du dispositif médical cité plus haut, le traducteur doit être assez « technique » pour comprendre le produit, bien sûr. Mais il doit également avoir un solide bagage rédactionnel et bien maîtriser les normes qui s’appliquent au type de document traité. Pour un site web, cela veut dire une formation à la rédaction web a minima et la capacité à dialoguer non seulement avec les experts techniques (les ingénieurs biomédicaux qui ont inventé le produit) mais également avec les référents marketing afin de comprendre les objectifs commerciaux du site et les attentes de son lectorat.
Sans parler des compétences métier de base – les compétences en traduction et en gestion de projets de traduction – qui, elles aussi, peuvent être acquises par des formations et « sur le tas ».
Vous l’avez compris : la spécialisation est un long voyage plutôt qu’une destination. Et le traducteur spécialisé au parcours parfois atypique est avant tout…polyvalent !
Où en êtes-vous sur le chemin de la spécialisation ? Je serai ravie d’échanger avec vous dans les commentaires de cet article !
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